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Médecin, elle vise l’Assemblée pour nous débarrasser des PFAS

Source link : https://front-populaire.biz/2024/07/03/medecin-elle-vise-lassemblee-pour-nous-debarrasser-des-pfas/

Francheville (Rhône), reportage

Toquer, tracter, convaincre. Au deuxième étage d’un immeuble de Francheville, au sud-ouest de Lyon, Lucie Gaillot Durand enchaîne les coups de sonnette et les rencontres. La candidate du Nouveau Front populaire (NFP) dans la 12e circonscription du Rhône est en quête des dernières voix pour faire gagner l’union de la gauche aux élections législatives du 7 juillet. « Je suis encore mineur, à deux mois près, c’est dommage ! » sourit une jeune femme en promettant de mobiliser sa mère. « Désolé, moi je suis inscrit dans le Var et je n’ai pas pu voter », soupire un autre. La troisième est la bonne. « Moi je suis plutôt au centre, mais jamais de ma vie je ne voterai Rassemblement national, donc ce sera forcément pour vous, concède un locataire. En plus, j’ai suivi l’actualité sur les PFAS. »

La remarque n’est pas anodine. Les industriels Arkema et Daikin ont déversé des polluants éternels dans l’eau et l’air de la région pendant plusieurs décennies. Médecin pathologiste aux Hospices civils de Lyon, Lucie Gaillot Durand habite Oullins-Pierre-Bénite, où sont installées les deux usines. Elle est également porte-parole du collectif PFAS contre Terre, qui lutte pour faire reconnaître la contamination aux perfluorés de la commune. Des qualités qui ont permis à l’Oullinoise de 42 ans, non encartée dans un parti, d’être investie par Les Écologistes sous la bannière du NFP.

Dénuée d’expérience politique mais en maîtrise des enjeux sanitaires, Lucie Gaillot Durand est arrivée en tête du premier tour des élections législatives avec 30,02 % des suffrages. Elle est talonnée par le député sortant Ensemble Cyrille Isaac-Sibille (28,97 %), suivie par la candidate du Rassemblement national Clémence Luisier (24,96 %).

Lucie Gaillot Durand lors d’un porte-à-porte à Francheville.
© Moran Kerinec / Reporterre

Une victoire d’étape significative pour ce territoire ancré à droite depuis trente ans, mais rien n’est gagné pour Lucie Gaillot Durand. Seules 600 voix la séparent de Cyrille Isaac-Sibille. Appelé à se désister par sa concurrente, l’ex-député, qui n’a pas répondu à Reporterre, a refusé « en riant franchement à la proposition », selon le média local Tout Lyon. Ce médecin de formation espère siphonner l’électorat du candidat Les Républicains, qui a récolté 13,88 % du scrutin. Une réserve qui pourrait tout aussi bien bénéficier au RN selon les sensibilités des électeurs.

« Il y a une irresponsabilité totale de notre député sortant à vouloir absolument se maintenir pour garder sa circonscription, alors qu’on a un pays au bord du gouffre, fulmine Julien Guittard, directeur de campagne de Lucie Gaillot Durand. Nous, à gauche, ça fait vingt ans qu’on se désiste dès qu’il y a le danger de l’extrême droite. »

Un député sortant au CV gonflé

Sur ses tracts, Cyrille Isaac-Sibille appelle à faire « face aux extrêmes » en tirant un trait d’égalité entre la médecin investie par Les Écologistes et l’extrême droite. L’homme de 66 ans se présente comme « le premier député à interpeller le gouvernement, qui [lui] a confié un rapport sur la pollution aux PFAS, à l’origine d’un plan d’action interministériel et d’une proposition de loi votée pour interdire les rejets dans les milieux aqueux ». Un C.V. gonflé quand on constate son activité parlementaire.

Si son rapport liste bien des préconisations pour « cesser urgemment les rejets [de PFAS] », il a ménagé les industriels en repoussant de 2024 à 2026 les nouvelles législations et en ne leur imposant pas les frais de dépollution des territoires contaminés. Surtout, le candidat s’approprie le projet de loi sur les polluants éternels porté par l’écologiste Nicolas Thierry, dont il a affaibli le texte, notamment en excluant les ustensiles de cuisine des interdictions.

Tract de Cyrille Isaac-Sibille, candidat Ensemble dans la 12e circonscription du Rhône.
© Moran Kerinec / Reporterre

Si elle est élue, Lucie Gaillot Durand souhaite inscrire l’interdiction quasi totale des PFAS dans la loi. « Le gouvernement temporise en attendant que l’Europe légifère. Pendant ce temps, les rejets continuent et contaminent les riverains et les employés des sites industriels, souligne-t-elle, tout en envisageant des dérogations dans des domaines sensibles comme la santé, où les perfluorés sont utilisés pour fabriquer des pacemakers.  Dans ce cas, il faut une maîtrise totale des rejets. » La quadra promet un jeu d’équilibre : rendre les industriels responsables, tout en préservant l’emploi. « Il n’est pas question de menacer les emplois ou de demander à ces industriels de partir. Pour cela, il faudra les aider à se transformer en profondeur », prévoit-elle.

Reste à rassembler les voix pour appliquer ces promesses. « Ça va être chaud, il y a si peu d’écart », constate avec appréhension Patricia, retraitée et militante Les Écologistes. Alors en attendant le 7 juillet, Lucie Gaillot Durand laboure les marchés et les sorties d’écoles pour convaincre les abstentionnistes, les électeurs centristes, voire ceux qui ont glissé un bulletin RN au premier tour de lui accorder celui du second.

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Pollutions

PFAS : trois questions pour tout comprendre aux « polluants éternels »

3 juillet 2024 à 15h04

Durée de lecture : 4 minutes

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Publish date : 2024-07-03 13:04:00

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Author : Front Populaire

Publish date : 2024-07-03 15:30:06

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