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Comment l’Indochine bascula de la carte postale coloniale à un huis clos explosif

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Xuan Phuong ne se souvient pas de la date précise de l’incident, mais il a dû se produire au début des années 1940, car, au couvent des Oiseaux de Dalat, station de montagne des « Alpes vietnamiennes » , les écolières chantaient Maréchal, nous voilà ! Peu importe le jour, la semaine ou l’année, elle n’oubliera jamais cet événement à nul autre pareil : ce jour-là, sa vie a basculé. Ho Chi Minh-Ville, chez une ancienne lycéenne Vietminh « Je suis fille d’un père inspecteur des écoles, j’ai grandi dans une atmosphère profrançaise, où le français était notre langue de culture, prévient d’abord Xuan Phuong, 94 ans, dans le salon de son appartement, à Ho Chi Minh-Ville. A dire vrai, je ne savais pas que j’étais vietnamienne ! Les seuls Vietnamiens que je connaissais, c’étaient les employés de maison… » Le couvent des Oiseaux est alors un endroit d’exception. Comme son nom l’indique, l’établissement est géré par des religieuses, françaises pour la plupart. Il domine les hauteurs de Dalat, charmante bourgade aux maisons coloniales et aux chalets disséminés sous les pins. La crème de la crème des jeunes filles de la société française y étudie, de même que certains rejetons de l’élite « indigène », ainsi que le démontre la présence de Phuong. C’est l’époque où l’Indochine est occupée par les Japonais : l’amiral Decoux, chef des forces navales françaises en Extrême-Orient, nommé gouverneur en juin 1940, par le maréchal Pétain, gère les affaires courantes, de Hanoï, capitale de l’Indochine. Xuan Phuong chez elle, à Ho Chi Minh-Ville, le 20 juin 2024.
Xuan Phuong chez elle, à Ho Chi Minh-Ville, le 20 juin 2024. NICOLAS CORNET Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Vichy à l’état pur dans les colonies Ajouter à vos sélections C’est à l’heure du salut aux drapeaux que l’incident a eu lieu. Car il y a deux drapeaux : celui de la République française et celui de l’Annam, nom du protectorat établi en 1884, par la France, dans cette région du centre du Vietnam, siège d’un empire déchu, désormais doté d’un pouvoir symbolique. Le drapeau en question est constitué d’un rectangle jaune, couleur impériale, flanqué dans l’angle supérieur gauche des trois bandes verticales du tricolore français. On imagine la scène : en cette matinée ensoleillée, l’ombre des deux drapeaux s’allonge dans la cour du couvent-école. Toutes les écolières sont réunies pour l’occasion. Peut-être chantent-elles encore « Maréchaaal… » A Dalat, en 2016, devant l’hôtel Lang Biang, bâti durant la période coloniale. A Dalat, en 2016, devant l’hôtel Lang Biang, bâti durant la période coloniale. NICOLAS CORNET « Je n’ai rien vu venir, raconte Xuan Phuong. Tout à coup, ma copine Juliette Ricardoni fait un pas en avant et se met à piétiner l’ombre formée sur le sol par le drapeau de l’Annam et hurle : “Saloperie d’Annam, saloperie d’Annam !” » A ce moment précis, le monde de l’adolescente s’écroule : cette brusque poussée de haine lui fait comprendre qu’elle n’est pas française. « Nous n’étions que cinq “indigènes” dans ma classe, et j’ai senti monter en moi la colère : je venais de devenir vietnamienne. » Bientôt, elle comprend aussi que nombre de ses compatriotes, en particulier les serviteurs des colons, sont méprisés ou maltraités. « Peu de temps après, je vais chez une autre copine. On prend le thé. La servante fait tomber malencontreusement de la confiture de fraises sur la table, et ma camarade se met à lui crier dessus… » Il vous reste 85.39% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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Author : News7

Publish date : 2024-07-18 03:04:23

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