BERTRAND GUAY / AFP Le bureau de l’Assemblée, où la gauche est désormais majoritaire, dispose de nombreux leviers.
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Le bureau de l’Assemblée, où la gauche est désormais majoritaire, dispose de nombreux leviers.
POLITIQUE – Il fallait être noctambule ou matinal, c’est au choix, pour arriver au bout de cette séance des plus spéciales. Tard dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 juillet, les députés ont élu le bureau de l’Assemblée nationale, composé de six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires. Une instance peu connue du grand public mais qui a la main sur de nombreux leviers stratégiques de la chambre basse du Parlement.
En l’emportant à la surprise générale (avec 12 sièges au bureau sur 22), le Nouveau Front populaire impose, selon les mots du député écologiste Benjamin Lucas, « une cohabitation » à la présidente Yaël Braun-Pivet.
Car de fait, il est extrêmement rare que la personne qui occupe le perchoir soit ainsi mise en minorité au bureau. La faute au Rassemblement national, qui a déserté les lieux aux alentours de minuit, et au bloc macroniste qui s’est lui aussi clairsemé au fil de la nuit, laissant tout pouvoir à la gauche de rafler la mise. La macronie s’est réveillée un peu groggy, encore stupéfaite de s’être fait passer devant par l’alliance des socialistes, écologistes, communistes et insoumis. La question se pose maintenant de savoir ce que le NFP va pouvoir faire de cette majorité au bureau de l’Assemblée.
« Beaucoup de choses vont changer »
Tout d’abord, la coalition de gauche espère que cette victoire fracassante va permettre de lui ouvrir le chemin vers Matignon. La reconduction de Yaël Braun-Pivet, et la défaite d’André Chassaigne, avait douché quelques espoirs et mis le doute sur la formation d’un gouvernement NFP. Mais le résultat de cette nuit, estime Jean-Luc Mélenchon, prouve que « le Nouveau Front populaire a la majorité ». Ce qui fait dire à l’ancien candidat à la présidentielle que « Maintenant, il faut nommer un Premier ministre NFP sans tarder. »
Ensuite, cette position de force au sein de la plus haute instance exécutive de l’Assemblée va permettre à la gauche de s’opposer aux sanctions proposées par Yaël Braun-Pivet contre les députés. C’est en effet le bureau qui le pouvoir de sanctionner les élus, comme il l’avait par exemple fait contre les insoumis Sébastien Delogu, quand il avait brandi un drapeau de la Palestine dans l’hémicycle, et Thomas Portes, qui avait posé avec un ballon à l’effigie du visage de l’ex-ministre du Travail Olivier Dussopt.
Cette nouvelle configuration « va changer un peu l’ambiance de travail à l’Assemblée nationale », a d’ailleurs reconnu la présidente du groupe LFI Mathilde Panot à l’issue du vote. « Je vous assure que beaucoup de choses vont changer », s’est-elle ainsi réjouie, alors qu’un nombre record de sanctions a été prononcé sous la dernière législature, ce qu’ont régulièrement agité les élus de gauche pour fustiger la présidence Braun-Pivet au perchoir.
« Dramatique » pour la macronie
Du côté de la macronie et de la droite, on s’inquiète déjà des potentielles répercussions de cette victoire de la gauche. « On voit bien le cirque qui se prépare. C’est dramatique pour les Français qui ont des urgences et qui ont besoin d’une Assemblée qui fonctionne et ne se donne pas en spectacle », soupire le député MoDem Romain Daubié dans Le Figaro. De leur côté, Marine Le Pen et le Rassemblement national, privés du moindre poste au sein du bureau, ont carrément décidé de s’abstenir de l’élection des 12 secrétaires, l’ancienne candidate à la présidentielle déplorant, au sujet du reste de l’hémicycle : « Aujourd’hui, ils s’accaparent les postes par des magouilles et des combines. Nous allons donc les laisser se les partager. »
Par ailleurs, il faut rappeler que le bureau dispose d’un important pouvoir réglementaire : règlement intérieur interne, fonctionnement des services de l’Assemblée… C’est aussi lui qui juge de la bonne recevabilité financière des propositions de loi. En 2023, il avait jugé « irrecevable » la proposition des députés LFI d’abroger la réforme des retraites. Gageons qu’avec un bureau désormais marqué à gauche, un tel texte pourrait aujourd’hui passer… et être soumis au vote des députés.
Enfin, le bureau de l’Assemblée a le pouvoir de lever l’immunité parlementaire d’un député après concertation avec la justice. En mai 2023, c’est ce qui était arrivé à l’ancien député Damien Abad, visé par une enquête préliminaire pour « tentative de viol ».
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Publish date : 2024-07-20 10:03:02
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Author : Front Populaire
Publish date : 2024-07-20 11:23:23
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