« Le plus fort écrase le plus faible (…). Dans les guerres contemporaines, des hommes et des femmes, jeunes et vieux, sont abattus par des balles ou déchiquetés par des missiles ». Comme tous les ans, Hidehiko Yuzaki, gouverneur du département d’Hiroshima, prononçait ce mardi 6 août un discours à l’occasion de la cérémonie en hommage aux victimes du bombardement atomique, transmis en direct sur la chaîne de télévision nationale nippone NHK.Mais à l’écran s’affichait le visage d’un autre homme, au regard sévère, celui de Gilad Cohen, ambassadeur d’Israël au Japon. Le diplomate était présent à l’événement marquant le 79e anniversaire du bombardement du 6 août 1945, le premier depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza en octobre dernier.NHK showed the Israeli Ambassador on screen when Hiroshima’s governor was speaking about wars in which the strong trample on the weak: “In contemporary wars, men and women, young and old, are shot by bullets or torn into pieces by missiles…” (1/2)pic.twitter.com/hxwoFKjcnT— Jeffrey J. Hall (@mrjeffu) August 6, 2024Le discours annuel d’Hidehiko Yuzaki s’adressait pourtant à toutes les puissances tentant « ouvertement de modifier le statu quo par la force et en violant les lois internationales ». Mais le regard de l’ambassadeur israélien a fait réagir des internautes japonais, nombre d’entre eux estimant que les mots du gouverneur étaient notamment dirigés contre l’État hébreu.« Comme les années précédentes, j’ai eu l’honneur de participer aujourd’hui à la cérémonie de commémoration de la paix à Hiroshima au nom d’Israël », a simplement écrit Gilad Cohen sur X à l’issue de l’événement auquel il a été convié par la ville d’Hiroshima, une décision qui a suscité des critiques au Japon ces dernières semaines.Invité à Hiroshima, pas à NagasakiVilles symboles pour la paix et le désarmement nucléaire, Hiroshima et Nagasaki ont coutume d’inviter des dignitaires du monde entier à leurs commémorations annuelles respectives. Les deux municipalités ont toutefois décidé d’exclure les représentants de la Russie et de la Biélorussie depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.Des militants pacifistes et des survivants de bombardements atomiques demandaient à faire de même pour l’État hébreu en raison de la guerre en cours dans la bande de Gaza, estimant que sa présence constituerait une politique de deux poids, deux mesures.Les municipalités ont finalement pris des décisions contraires. Hiroshima a décidé d’inviter l’ambassadeur d’Israël et non le représentant de la Palestine au Japon, comme tous les ans. Nagasaki a, de son côté, convié le Palestinien mais désinvité Gilad Cohen.Une décision prise pour notamment « tenir la cérémonie dans une atmosphère paisible », a affirmé le 31 juillet le maire de la ville Shiro Suzuki, soulignant qu’elle n’était « pas motivée par des considérations politiques ». Il avait déjà confirmé en juin avoir suspendu l’envoi de la lettre d’invitation au diplomate israélien par souci d’éviter d’éventuels « incidents » lors de la cérémonie.Un risque « inventé »Aussitôt l’exclusion officialisée, Gilad Cohen l’a jugé « regrettable » dans une publication sur X datant du 31 juillet, estimant qu’elle envoyait « un message erroné au monde entier et détourne le message principal que Nagasaki promeut depuis des années ».The decision by Nagasaki’s mayor not to invite Israel to the Peace Memorial Ceremony on August 9th is regrettable, sends a wrong message to the world, and deflects from the core message that Nagasaki has been promoting for years. As a close friend and like-minded nation of Japan,…— Gilad Cohen (@GiladCohen_) July 31, 2024Loin de décolérer, l’ambassadeur a affirmé lundi dans un entretien avec CNN que son exclusion de la cérémonie à Nagasaki n’avait « rien à voir » avec le maintien de l’ordre public. « J’ai vérifié auprès des autorités compétentes chargées de l’ordre public et de la sécurité, et rien ne m’empêche de me rendre à Nagasaki », a-t-il ajouté, accusant le maire d’avoir « inventé » un risque potentiel. « Je suis vraiment surpris qu’il détourne cette cérémonie pour ses motivations politiques », a-t-il poursuivi.Gilad Cohen n’a cependant pas expliqué les raisons pour lesquelles il estimait qu’il n’y avait pas risque sécuritaire, invoquant la confidentialité.La polémique fait désormais réagir une autre diplomate au Japon, Julia Longbottom, ambassadrice du Royaume-Uni. Elle a indiqué mardi qu’elle n’assistera pas à la cérémonie de Nagasaki vendredi, jugeant qu’Israël ne devait pas être considéré de la même manière que la Russie ou la Biélorussie.
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Author : News7
Publish date : 2024-08-07 07:29:34
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