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Muhammad Yunus, un symbole de paix propulsé à la tête d’une nation meurtrie

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C’est un retour au pays natal qui sonne comme une incroyable revanche. Honni par l’ancienne première ministre Sheikh Hasina et contraint à l’exil, le Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a pu quitter Paris, où il assistait aux Jeux olympiques, pour rentrer ce jeudi 8 août au Bangladesh.Lors d’une cérémonie d’investiture organisée le soir même à Dacca, cet homme respecté de 84 ans, que La Croix avait rencontré en juin, a pris la tête d’un gouvernement de transition, avec pour mission principale la tenue d’élections. Ému et souriant, l’homme à l’éternelle tunique de coton a salué à son arrivée à Dacca la « deuxième indépendance » du Bangladesh, libéré en 1971 de l’étreinte du Pakistan et, aujourd’hui, de celle d’un régime autoritaire.Ce séisme politique survient après quinze années d’un pouvoir incarné par « la dame de fer », Sheikh Hasina, chassée de son palais par la colère de la rue. Le 5 août, la fronde étudiante est parvenue à arracher sa démission, avant d’appeler à la rescousse le célèbre économiste pour diriger la nation musulmane de 170 millions d’habitants. Après des semaines de manifestations et plus de 432 morts, c’est un pays meurtri, et fragile, que s’apprête à gouverner Muhammad Yunus.« Le banquier des pauvres »Il est l’homme qui avait soulevé, il y a deux décennies, l’espoir de pouvoir éradiquer la pauvreté. Après avoir étudié aux États-Unis, le jeune homme originaire de la ville portuaire de Chittagong s’était consacré à la lutte contre la faim, dans les campagnes entre mer, delta et rivières. En 1983, il fonde la Grameen Bank, la « première organisation de microcrédit au monde ». Au fil des ans, elle prête des sommes modiques, moyennant intérêts, à près de sept millions de Bangladaises, leur permettant de s’extraire de la spirale de la misère.À l’époque, le concept, qui démontre que le microcrédit peut être source de profit, est une révolution. En 2006, « le banquier des pauvres » reçoit le prix Nobel de la paix. « Les êtres humains ne sont pas nés pour souffrir de la misère, de la faim et de la pauvreté », dit-il en acceptant l’immense distinction.Bientôt, les critiques tempèrent cette réussite, estimant que le microcrédit favorise le surendettement et l’accusant d’étendre son monopole à la téléphonie mobile avec Grameen Telecom. En 2007, ses aspirations s’élargissent davantage encore puisqu’il crée un parti politique. Ce sera un échec, mais cette tentative lui attire les foudres de l’inflexible et méfiante Sheikh Hasina, qui l’accuse de « sucer le sang » des pauvres. La dissidence est éradiquée et Muhammad Yunus subit un véritable harcèlement judiciaire, avec plus d’une centaine d’affaires le visant. En janvier 2024, une condamnation l’oblige à fuir à l’étranger.Un monde nouveauAujourd’hui, sa réhabilitation s’accompagne de celles de milliers d’opposants qui retrouvent le droit à la liberté et la parole. À commencer par la grande rivale de Sheikh Hasina, l’ex-dirigeante et cheffe de l’opposition, Khaleda Zia, qui était assignée à résidence. « La liberté doit atteindre chaque maison », a promis Muhammad Yunus à son arrivée à Dacca. Il a salué le courage de la jeunesse de ce printemps bangladais et l’a invitée à participer « à la création d’un monde nouveau ».« Muhammad Yunus est un leader charismatique et visionnaire, estime l’activiste et écrivain Pinaki Bhattacharya, qui a collaboré étroitement avec lui. Ses vues politiques résonnent avec les aspirations de nombreux Bangladais. Pour autant, relever les défis à venir ne sera pas un parcours aisé. »

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Author : News7

Publish date : 2024-08-09 19:56:57

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