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Au Pakistan, les mariages forcés en hausse à cause du dérèglement climatique

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Une famille déplacée par les inondations porte ses affaires alors qu’elle patauge dans les eaux après de fortes pluies de mousson, dans la province du Baloutchistan (Pakistan), le 19 août 2024. FIDA HUSSAIN / AFP Salwa (le prénom a été modifié) venait d’avoir 13 ans lorsque ses parents lui ont annoncé son mariage, début 2023. L’adolescente est d’abord enthousiaste à l’idée des cadeaux qu’elle recevra. « Je pensais que l’on m’offrirait du rouge à lèvres, des vêtements et des bijoux », explique-t-elle, lors d’une conversation vidéo, tout en berçant son bébé, âgé de quelques mois. « Je n’avais pas compris que ce mariage impliquerait d’être avec un homme plus âgé que moi. A cause des inondations, mes parents ont perdu leur terre. Ils n’avaient pas d’autres choix. » A Khan Mohammad Mallah, au Pakistan, Salwa est loin d’être la seule adolescente à avoir été mariée par ses parents depuis les inondations meurtrières de 2022. Dans ce petit village de la province du Sind, le fondateur de l’ONG Sujag Sansar, Mashooque Birhmani, qui travaille avec les communautés locales pour lutter contre les mariages d’enfants, y a recensé 45 mariages de mineures, dont un tiers a eu lieu en mai et en juin 2024, juste avant le début des moussons. Vitales pour les millions d’agriculteurs pakistanais et pour la sécurité alimentaire du pays, les moussons sont devenues, au cours de ces dernières années, plus longues et plus fortes qu’auparavant, provoquant d’innombrables inondations et la destruction de terres agricoles. Ces catastrophes naturelles et économiques, exacerbées par le réchauffement climatique, ont conduit à une nouvelle tendance, que les Pakistanais nomment les « épouses de moussons ». « Nous avons observé une augmentation systématique des mariages forcés lors des inondations les plus destructrices de l’histoire du Pakistan en 2007, en 2010 et en 2022 », alarme Gulsher Panhwer, chef de projet au sein de Sujag Sansar. D’après une étude menée par deux universitaires pakistanais sur les conséquences des inondations de 2010, le taux de mariage des filles âgées de 15 à 19 ans est passé de 10,7 % à 16 % l’année suivante. Dans la seule province du Sindh, près de 4,8 millions de personnes ont été touchées, dont la moitié était encore des enfants. Dans cette région, près du quart des filles ont été mariées avant l’âge de 18 ans. « Sans revenus, les agriculteurs sont tellement désespérés qu’ils marient leurs filles pour l’équivalent du prix d’une vache ou même moins. Ils espèrent les mettre à l’abri de la pauvreté et obtenir suffisamment d’argent pour nourrir le reste de leur famille », explique Gulsher Panhwer. En 2022, un tiers du Pakistan, cinquième pays le plus peuplé au monde, avait été inondé et de précieuses récoltes avaient été ravagées dans une nation où l’agriculture représente un quart du PIB et un emploi sur trois. De nombreux villages agricoles de la province du Sindh ne se sont jamais remis de ces inondations, qui ont conduit au déplacement de millions de personnes. « Nous vivions grâce à nos terres, mais, en 2010, elles ont été détruites à cause des moussons. Pour survivre, nous avons dû partir dans une autre province », explique Aiza, âgée de 29 ans et mère de deux enfants. Malgré cette migration, la petite famille peine à se nourrir et décide de marier la cadette. Deeba avait 12 ans et a été mariée à un homme de 25 ans en échange de 150 000 roupies pakistanaises, soit l’équivalent de 480 euros. « Elle était heureuse de recevoir de nouveaux vêtements et des bracelets, mais quand on l’a emmenée chez son mari, elle s’est agrippée à moi et nous nous sommes mises à pleurer. Je regrette tellement », sanglote la mère de famille, elle-même mariée à l’âge de 16 ans. Il vous reste 51.3% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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Author : News7

Publish date : 2024-08-30 13:59:40

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