Après un pic de 18 % en 2021, au plus fort de la crise sanitaire, la pratique intensive du télétravail en France, soit trois jours ou plus par semaine, est retombée à 5 % en 2023. Si les salariés restent toutefois attachés au travail hybride – la pratique au moins occasionnelle du télétravail a progressé entre 2021 et 2023 -, les employeurs souhaitent les voir retrouver le chemin du bureau. Un phénomène qui dépasse les frontières de l’Hexagone. Dès janvier 2025, les salariés d’Amazon devront revenir travailler sur site, comme ceux de Disney. Ubisoft, le géant français des jeux vidéo, a demandé à son personnel d’être “trois jours par semaine au moins au bureau”, ce qui a provoqué des piquets de grèves le 15 octobre dernier. Nommés à la tête d’un nouveau ministère de “l’efficacité gouvernementale” par le prochain président des Etats-Unis Donald Trump, Elon Musk et Vivek Ramaswamy (qui a fait fortune dans les biotechnologies) veulent la fin du télétravail pour les fonctionnaires fédéraux américains. “Depuis le Covid, on a tous vécu une révolution brutale du travail. On a dû s’équiper, s’organiser et on y a tous pris goût !”, analyse cependant Sylvain Langellier, directeur général du Networking Premium Group (NPG), leader du networking professionnel. “Pourtant, le retour au bureau est le tabou du moment”, souligne-t-il.Or, le retour au bureau offre aux ressources humaines une opportunité précieuse pour repérer un employé qui ne va pas bien. “Difficile de se rendre compte qu’un salarié est à la limite du burn-out quand il reste chez lui”, indique l’expert. Se croiser dans les couloirs, prendre la température ambiante, (re) tisser du lien social sont autant de moments qui étaient naturels entre collègues avant 2020. Et ce, même si les prix de l’immobilier ont continué à flamber, poussant de nombreux employeurs a adopté le flex office, un mode d’organisation parfois perçu comme déshumanisant et potentiellement source de conflits, notamment si quelqu’un d’autre “a pris votre bureau”. “Cela peut développer des relations conflictuelles, mais cela fait partie des relations humaines”, tempère Sylvain Langellier.Par ailleurs, les personnes éloignées géographiquement des lieux de pouvoir se retrouvent à l’écart des décisions stratégiques et des promotions. Plus facile d’avoir une info en croisant un collègue que de la glaner sur Teams. “La question de l’éloignement géographique se pose, ceux qui rechignent à venir sur place risquent d’être distancés”, pointe le spécialiste. Les transports, quant à eux, permettent d’avoir un sas de décompression entre la vie professionnelle et la vie privée. “Il y a donc un intérêt à retrouver toute cette vie d’entreprise”, conclut Sylvain Langellier.Le prix du retour au bureauCertains cadres, eux, sont contents de venir dans des bureaux repensés différemment. Une lueur d’espoir pour les employeurs qui redoutent des crispations : en hiver, un salarié sur trois préfère travailler sur site plutôt qu’à domicile (Deskeo, création d’espaces de travail, novembre 2024). Premier critère d’importance : la recherche de chaleur. Pour 68 % des sondés, la priorité est en effet une température adéquate, tandis que pour 17 %, c’est une bonne luminosité quand 15 % des sondés jugent primordial d’avoir des fauteuils confortables. Des efforts d’aménagement restent à faire : 59 % des personnes interrogées indiquent que l’éclairage au bureau n’est “pas vraiment suffisant”. Cependant, “la possibilité pour les travailleurs de faire leurs tâches quand et d’où ils le souhaitent est ce qui les intéresse le plus”, indique une étude mondiale récente d’Owl Labs, spécialiste des technologies collaboratives hybrides. Selon Owl Labs, imposer un travail 100 % présentiel et l’absence de flexibilité sur les horaires ou le lieu de travail font partie des politiques d’entreprises qui rebutent le plus les salariés de France, du Royaume-Uni, des Etats-Unis et d’Allemagne.Si vous faites partie des employeurs qui veulent voir leurs équipes revenir sur site, sachez que les concernés estiment qu’une meilleure rémunération serait l’argument le plus susceptible de les y inciter : c’est le sentiment de 48 % des Français sondés. Autres critères mis en avant : un temps de trajet plus court, le remboursement des frais de déplacement domicile-travail et la mise à disposition de nourriture et boissons gratuites. “Open bar”, sinon rien ? 61 % des salariés souhaiteraient des boissons chaudes gratuites pendant l’hiver, des radiateurs ou plaids supplémentaires (17 %), un espace détente cosy et des lampes de luminothérapie (11 % ex-aequo), selon Deskeo. Enfin, 34 % d’entre eux aimeraient “beaucoup” que leur bureau leur propose des activités spécifiques à la saison. Avis aux managers : des initiatives comme le Secret Santa et un concours du pull de Noël le plus moche devraient motiver les plus réticents à retrouver l’adresse de l’entreprise.
Author : Claire Padych
Publish date : 2024-12-03 12:00:00
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Author : MondialnewS
Publish date : 2024-12-03 12:27:26
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